Chronologie
1982 > naissance à Londres.
1998 > début de ses études supérieures en ingénierie aéro-spatiale, avec 2 ans d'avance.
1999 > commence un stage au Centre spatial Satish-Dhawan à Bombay. Deux semaines plus tard, fermeture des frontières due à la pandémie.
2000 > il apprend la mort de ses parents, il quitte l'ambassade britannique où il vivait.
2005 > il vit dans un Delhi infesté, et est à la tête d'un cartel de revente de faux médicaments sensés guérir le Fléau.
2006 > il s'achète sa place pour la zone de quarantaine de Bombay, puis monte un réseau d'aide aux plus démunis.
2007 > il rencontre Emily, qui deviendra son amie, sa famille.
2010 > il apprend que des anciens camarades de cartel sont eux aussi arrivés à Bombay, il les fuit comme la peste.
2011 > il quitte la zone avec Emily/Bombay et devient volontaire. Il intègre la zone. Il devient Monarque. Quelques mois plus tard, il devient assistant à la Confédération.
2012 > il se marie avec Bombay.
2013 > il quitte son poste d'assistant à la Confédération et devient parrain à la Trappe.
2014 > Bombay et lui divorcent.
2015 > il devient secrétaire de la Hiérarchie.
2018 > il devient chef de la Trappe.

Récit d'une vie
Depuis qu'il est tout petit, Kye a toujours rêvé des étoiles. Ce qu'il voulait, c'était que l'Homme parte à l'exploration de l'espace. Cette envie est née lorsque son père lui racontait comme histoire pour s'endormir le soir, les aventures des astronautes qui avaient marché sur la lune, ainsi que les millions de possibilités de mondes différents qui existaient, peut-être, très loin là-haut, à des années lumières de leur petit appartement londonien. Car ces histoires n'avaient pas que le don de l'émerveiller et de le faire paisiblement passer dans les bras de Morphée ; elles lui permettaient également de s'échapper de cette bicoque lugubre, même les soirs ou la faim lui faisaient gronder le ventre. La famille de Kye était pour ainsi dire des travailleurs précaires. Magnifique sémantique novlanguienne pour parler des personnes qui, malgré leur travail acharné, n'arrivaient pas à joindre les deux bouts, et gagnaient tout juste assez pour leur permettre de continuer leur morne vie tête baissée. En grandissant, Kye s'est vite rendu compte de cet état de fait. Car il a toujours été infiniment intelligent, Kye. Et il a rapidement compris que c'était cette intelligence même qui allait le sortir du marasme de sa vie, tout en lui permettant de poursuivre ses rêves : dès l'âge de 13 ans, il obtint une bourse afin d'intégrer le plus prestigieux des private college londonniens : le Queen's College. Il finit le secondaire avec deux ans d'avance, et ce fut à l'âge juvénile de 16 ans qu'il commença ses études d'ingénierie mécanique. Dès la fin de sa première année d'étude, il se vit proposer un stage au Centre spatial Satish-Dhawan - ce n'était pas la NASA, certes, mais en tant que première année, cela avait déjà été un grand honneur de pouvoir appréhender la pratique dans un centre aussi important. La maladie chinoise avait déjà commencé à faire des ravages, mais voyez-vous les grands de ce monde ont toujours l'impression de que ce genre de choses les atteindront jamais... Ainsi, quelques jours seulement après la qualification de pandémie, Kye avait embarqué dans un avion à destination de l'Inde. Il fut donc coincé là-bas lorsque le Fléau se révéla être ce qu'il était : une maladie dévastatrice. Il fut interdit de retourner chez lui en Angleterre - et de toutes manières, il n'en n'avait pas les moyens. Car si les premiers mois les cours et son stage avaient continué comme si de rien n'était, rapidement, il s'était retrouvé sans nulle part où aller.
Encore aujourd'hui, la période qui suivit reste un sujet quasi tabou pour Kye : il est rare qu'il en parle, et chaque fois que cela arrive, son visage s'assombrit, ses yeux partent dans le vague. Il vécu quelques mois à l'ambassade, jusqu'à ce qu'il apprenne que ses parents étaient morts. Le Fléau les avait fauché. Plus rien ne semblait plus le raccrocher à son Angleterre. Plus rien ne semblait plus le raccrocher tout court : son rêve brisé, cette pandémie avait tout anéanti, et il avait l'impression qu'une horloge tiquait au dessus de sa tête, chaque seconde le rapprochant de sa mort inéluctable, dans ce pays où il ne connaissait rien ni personne. Pour survivre, et pour vivre, il avait alors volé, usurpé, escroqué. Puis, lui était venue la fameuse idée de vendre des faux médicaments aux gens désespérés. Et son entreprise avait si bien marché, qu'au bout de quelques années, il s'était retrouvé à la tête d'un petit réseau de revente très lucratif. Réseau qui lui avait permis ainsi de s'acheter sa place dans l'une des zones de quarantaine : Bombay.
En arrivant à Bombay, son but fut de tourner la page. Remettre de l'ordre. Retrouver un semblant de sens à sa vie, à la vie. Alors il essaya de se rendre utile. Chose difficile, jusqu'à ce qu'il tombe sur son ancien maître de stage au Centre spatial Satish-Dawan. Lui était dans la zone de quarantaine depuis le début car, membre élevé - et fortuné - de la société indienne, il y avait acheté une place de choix. Il vivait dans un quartier huppé de la zone de quarantaine, avec de nombreux autres privilégiés. De cette rencontre naquît une idée, de l'idée naquît un mouvement : il organisa une levée de fonds et de dons régulière auprès des plus fortunés afin de redistribuer aux plus pauvres. Cela permettait de soulager la culpabilité des uns tout en apaisant la misère des autres. Le démon était devenu ange.
C'est cet ange qui rencontra la femme qui plus tard devint son amante, puis son aimée. Elle le sauva lors d'une tournée, et de là naquît une belle amitié. Ils devinrent une famille. La vie à Bombay Quarantine aurait pu être presque vivable – si ses anciens camarades n'avaient pas débarqué en trombe un beau jour, et qu'Emily n'avait pas perdu sa mère pour ensuite perdre les pédales. Elle décida alors de quitter Bombay pour rejoindre la Pangée et le centre d'essais qui leur promettait la réponse à tous leurs dilemmes. Lui ne put que suivre sa raison, et son cœur, et la suivit.
Kye devint alors Kourou – en hommage à la ville d'où partaient les fusées européennes à destination de l'espace – et il rejoint ce qui allait devenir sa maison. Il y avait retrouvé l'espoir : pour lui, pour l'humanité. Et il comptait bien mettre son intelligence, ses compétences et sa capacité au service de leur nouvelle société. Car il le savait, c'était à eux-même, cobayes en même temps qu'aventuriers, de tracer la voie au reste de la population sauvegardée.