Capharnaüm. Depuis qu'elle était arrivée, comme par magie, Iasi avait senti un danger. Et c'était normal. Varsovie s'était trop vite proche de cette demoiselle. Certes, elle était mignonne, semblait fragile et on voudrait l'aider sans problèmes ! Un peu comme la reine des exilés avait fait avec lui. En fait c'était sûrement pour ça qu'elle représentait un danger : elle allait lui voler sa place ? Il fallait espérer que non. Jamais Iasi ne pourrait continuer de grandir en compagnie de Varsovie avec une autre personne à ses côtés ! Ça serait comme... accueillir une soeur ? Il n'était pas prêt. L'amour que la jeune femme pouvait lui donner, il n'était pas prêt à le partager. Maintenant qu'il avait trouvé quelqu'un qui l'aimait et lui accordait enfin de l'attention sans l'utiliser, il ne voulait pas s'en séparer.
Malheureusement son comportement ces derniers temps... n'était pas le plus exemplaire. Iasi n'avait jamais été parfait. Même s'il savait que Varsovie n'approuvait pas le fait qu'il avait besoin d'offrir son corps, il le faisait en toute discrétion. Parce que c'était un peu comme sa drogue. Mais depuis l'arrivée de Capharnaüm et de la place qu'elle occupait, on pouvait dire que Joseph ne se cachait pas vraiment aux yeux de sa mère adoptive. Oh il le savait, qu'il se ferait remonter les bretelles. Mais il s'en fichait, clairement. Ça serait peut-être une excuse pour lui permettre de parler de cette fille. De tenter de l'enlever de l'équation. Parce qu'il n'y a que lui et Varsovie dedans. Personne d'autre ne peut y entrer.

Après s'être levé d'une nuit en bonne compagnie, Joseph se prépare comme à son habitude. Il ne travaille pas pour les prochaines heures à venir, alors autant s'occuper en allant voir comment se porte sa très chère mère. Il en a besoin. Comme pour s'assurer que la nouvelle n'est pas là, prêt de celle pour qui il donnerait sa vie. Parce qu'il le sait : quand il travaille, elle est là, près de cette femme qu'il aime plus que tout. Les animaux sont de formidables espions, même les plus petits.
Entrant dans la pièce, Iasi croise Capharnaüm qui en sort. Heureusement. Il n'aurait pas apprécié d'être longtemps dans la même pièce qu'elle, encore plus avec Varsovie dans le coin. S'approchant de la femme, il prend place face à elle. S'asseyant en tailleur - comme souvent d'ailleurs, il ne tient pas en place - il croise ses doigts et pose son regard sur la Reine des Exilés. Inutile de parler, il sait qu'elle va le faire.

Varsovie : (...) (...)

Le Flores ne peut s'empêcher de lever les yeux au ciel lorsqu'elle prononce ces mots. Comme ci il pourrait l'accepter ? Il n'était pas prêt à partager. Il n'avait jamais rien eu dans sa vie. Varsovie et l'amour qu'elle était capable de lui donner était certainement la seule chose qu'il possédait pour de bon. Alors partager... C'était dur à accepter. C'est comme demander à un enfant d'accueillir quelqu'un d'autre dans sa famille. C'est difficile. Et malheureusement... Joseph est encore un enfant dans ses relations. Le désavantage d'avoir grandit sans autre contact que ces gens qui pouvaient abuser de lui.

Varsovie : (...) (...)

Posant son coude sur l’accoudoir du fauteuil, il ne tarde pas à venir mettre sa tête dans sa main et observe un mur, pensif, l'air boudeur collé sur son visage.

Ouais...

Il reste silencieux quelques instants. Son visage le montre clairement de toute façon qu'il n'est pas d'accord avec ce qu'elle dit. Puis finalement il pousse un long et profond soupir avant de tourner les yeux en direction de Varsovie. Puis il retire sa tête de sa main et repose ses bras sur ses genoux avant de pencher la tête légèrement sur le côté.

En fait je... je ne sais pas trop ce que je ressent vis-à-vis d'elle. C'est... étrange. Et nouveau. Je n'aime pas quand elle est là. Je n'aime pas la voir à tes côtés.

Et pourtant... il la comprenait, Varsovie, de l'aide qu'elle apportait. Parce qu'elle avait fait la même choses avec lui il y avait pas loin de cinq années. Alors ça ne le surprenait pas. Mais il n'était pas capable de comprendre cette jalousie qui était entrain de le parcourir. C'était normal. Personne n'avait mérité jusqu'ici d'avoir l'amour qu'il portait à Varsovie et qu'elle pouvait lui donner.