Bethléem est un être fait de contradictions, difficile à saisir, compliqué à comprendre. Elle est à la fois capable de naïveté et de manipulation, ce qui pourrait sembler incompatible, mais parvient toutefois à coexister dans sa cervelle trop remplie. En effet, Beth a un besoin irrésistible de règles et de structures, d'une logique à appliquer à toute chose, bonne ou mauvaise. Tout doit avoir une explication, une raison, quitte à ce qu'elle en vienne à croire des vérités absurdes, comme celle qui l'a poussée à créer son culte.

Mais la dangerosité de Beth réside dans sa capacité à faire croire à ses vérités, particulièrement aux âmes les plus influençables. Les mots qu'elle emploie dissimulent toujours un but caché, un sens qu'elle pense être seule à percevoir. Elle n'agit pas sans logique et a le don de rationaliser l'invraisemblable, au point de faire croire à une centaine de personnes qu'elle détenait la clé pour être immunisée contre le Fléau, à condition de suivre sa parole et celle de l'être supérieur qui s'adressait à elle.

Son besoin de structure, de règles à suivre et d'une logique compréhensible peuvent la pousser à oublier son humanité et à accepter d'accomplir les actes les plus vils. Elle a toutefois pris conscience de cet aspect de sa personnalité lors de son incarcération et de ses (nombreux) entretiens psychologiques et veille autant que faire se peut à le garder sous contrôle. C'est pour cela qu'elle est si dévouée à son clan et à Pangée : c'est une structure qui fait sens pour elle, qui récompense ses bonnes actions et punit ses mauvaises. Ici, elle ne craint pas une mort sans raison, comme c'était le cas à l'extérieur. Elle n'a pas besoin de s'inventer des dieux et des messagers venus de l'au-delà pour se donner l'illusion du contrôle. Le contrôle, elle l'a.

Au fil de son incarcération, Beth a développé une conscience, une conscience tourmentée par les actes qu'elle a commis. Elle ne pourra jamais se pardonner pour les morts qu'elle a causées et, pour cette raison, elle n'utilise son pouvoir que rarement, avec parcimonie. Pouvoir contrôler quelqu'un, même temporairement, est une dangereuse capacité et, entre ses mains, elle sait que les choses pourraient mal tourner. C'est pour cela qu'elle préfère faire usage de son éloquence et de ses capacités sociales et intellectuelles pour obtenir ce qu'elle souhaite, plutôt que de se reposer sur son don. Elle porte d'ailleurs souvent des gants et des vêtements couvrants pour éviter le contact physique indésirable et une commande qui n'en serait pas une.

Il y a un certain calme qui se dégage d'elle, un calme apaisant qui donne l'impression qu'elle maîtrise parfaitement chaque situation dans laquelle elle se trouve. Mais c'est un calme qui dissimule la tempête, une angoisse quasi permanente, un ouragan intérieur qu'elle dissimule par peur de perdre le contrôle. Sans contrôle, tout s'effondre. Et si tout s'effondre, Bethléem se perd. Et devient un danger pour ses pairs. Alors, elle donne le change. Prétend ne s'affoler de rien. Avancer avec sérénité. Un masque qu'elle a du mal à dissocier de la personne qu'elle est, tant et si bien que Beth a du mal à savoir qui elle peut être exactement.

Ses paroles sont éloquentes, ses mots mesurés, un discours travaillé et généralement voué à obtenir quelque chose d'autrui. Avoir leur consentement, s'assurer de leur soumission, arriver à la conclusion qui la sied le mieux etc. Beth est incapable de spontanéiété et il lui est extrêmement difficile de se montrer sincère. Ce serait accepter d'être vulnérable et ça, Bethléem ne peut se l'accorder.

Enfin, son amour des règles et de la structure fait qu'elle est incapable de comprendre des esprits plus rebelles, désireux de se soustraire au système. Pour elle, un monde sans structure est un univers destiné à l'auto-destruction et le fonctionnement actuel de Pangée lui convient parfaitement. Pourquoi chercher à changer un ordre établi qui fonctionne ? Cette incompréhension peut la pousser dans ses retranchements et la mener à agir de manière égoïste et autoritaire, quitte à user de son pouvoir qu'elle rejette habituellement pour tenter de les remettre dans le "droit chemin".