MMXVII > « Dieu est mon salut »
Février ; la maladie est là et le consumant peu à peu, organe par organe. Il observe le ventre s'arrondir et constate avec déchirement qu'il ne connaîtra jamais son enfant. « Foutu cancer, foutue justice », répétait-il.
Mars ; il prie sa femme, avec le peu de lucidité qu'il lui reste, d'appeler l'enfant Elya. Elle lui promet. Sur ses dernières paroles, la mort le prit.
Mai ; le dixième jour de printemps. La nouvelle mère honore sa promesse : elle donne le doux nom d'Elya à l'enfant qu'elle a mis au monde. Sa solitude s'est évaporée laissant derrière la tristesse et la dépression d'un époux perdu.

MM> Quito en déclin
Août ; l'été, de sa chaleur étouffante, accueille le Fléau. L’Équateur est touché. La maladie est rapide et emporte avec elle bon nombre d'amis. Les temps sont durs et la pitié n'a plus sa place. La survie, il ne reste rien d'autre que la survie. Quito est sans foi, ni loi.

MMI> L'espoir dissipé
Avril ; enfance reine devenue poussière, obligeant Elya à fuir tout ce qu'elle avait connu pour suivre sa mère vers un lieu plein de promesses. Pourtant, le combat est le même : ne pas s'attacher, ne pas trop espérer. Le monde est sans pitié alors que le Fléau se rapproche. Plus faible est la population et plus haut est le risque de rejoindre ceux déjà morts.

MMIX> Une lueur d'espérance
Un bleu comme elle n'en a jamais vu. Yeux divins et pourtant si mortels, dont la douceur embellit la virilité de son visage. Il apparut, Léo, offrant fraîcheur et espérance. Il est l'espoir, elle est l'avenir. Rien d'autre n'a de valeur que ses yeux, son sourire. L'amour, tel qu'elle pensait ne jamais le connaître, dont la flamme ne cesse de grandir tout comme sa mère lui avait conté. Son étincelle dans un monde pourtant si sombre.

MMXV > « NE M'ABANDONNE PAS »
L'espoir est partout. Sur les écrans se dessine un endroit utopique où la survie serait sûre. Un endroit où il suffirait d'être volontaire pour vivre. Des promesses, de belles promesses. Que cela cache-t-il ? Elya n'en est que peu certaine mais la curiosité la ronge. Léo, lui, est convaincu. Pangonium, le nouveau monde. Là où tout est trop beau, tout est trop rose.
Septembre ; un projet réfléchit qui pourtant l'a fait traîner des pieds. L'idée de laisser sa mère seule lui arrache le coeur. Celle qui lui a tout donné, celle qui s'est sacrifiée. Une mère dont elle a tout appris avec qui elle partageait la passion des fleurs. Des adieux déchirants. Cette dernière lui fit cadeau d'un cahier dont elle ignorait l’existence. Un herbier signé à l'encre jais dont l'écriture se trouve être étrangement masculine. Héritage d'un père, voilà ce qu'il en était. Transmit par une mère inquiète et convaincue que la Pangée n'est qu'illusion. Évident fut le choix de faire marche arrière, même si pour ça il fallait abandonner la seule personne qui aurait pu l'aimer. Probablement trouverait-il mieux à l'intérieur qu'une simple Équatorienne incapable de tenir une promesse.

MMXVI > L'invincibilité n'est pas humaine
Pourtant si loin est le berceau du Fléau. Survivre était devenu le quotidien, oubliant stupidement la possibilité que la pandémie frappe toujours. La douce mère, la douce âme si protectrice et salvatrice est morte. Celle dont la plus grande peur était d'être abandonné, abandonne la première Elya. Fille devenue orpheline malgré son grand âge et qui se noie dans les larmes infinies de sa détresse émotionnelle. Il ne lui reste rien d'autre que la solitude, l'amer goût pendu à ses lèvres, de s'être privée pour finir avec tant de tristesse. L'espoir naît de le retrouver, de le revoir, de reprendre là où tout s'était arrêté un an plus tôt.

MMXVII> le bonheur existe-t-il sans malheur ?
Novembre ; l'entrée en Pangée. Tel était son choix, désormais assumé. Se jetant dans la gueule du loup, certaine qu'elle n'a plus rien à perdre. Pangonium n'est pas un rêve mais le début de l'enfer. Elya est certaine que l'endroit cache une vérité macabre que personne ne soupçonne -ou que personne ne veut voir-. L'unique but de sa venue est de retrouver la dernière personne qui lui est chère et de lui prouver que le bonheur était ailleurs.

MMXVII> le bonheur existe-t-il sans malheur ?
Quelques mois suffirent à retrouver l'amour qu'elle avait abandonné. Le changement fut époustouflant. L'homme, qu'elle avait connu, a mûri et arbore une assurance, effrayante, plus certaine qu'autrefois. Triste est de constater son coeur désormais diamant, incassable et impénétrable.
Plus de deux années écoulées et la solitude est toujours la même. Plus facile est de la supporter en Pangée, grâce à l'amour qu'elle partage et qu'on lui rend bien. Les attentifs lui ressemblent et la confortent dans l'idée qu'un monde meilleur est possible ; fait d'altruisme et de services rendus. Sa parfumerie est maintenant bien installée et accueille des Hommes de luxure, ce dont elle fière. Se fleurer est une richesse que peu peuvent s'offrir, un bien matériel pour certain mais si sentimental pour elle.