pangée, regarde-moi

Un souffle, las, s'échappe d'entre ses lippes. Çà-et-là, les silhouettes s'amoncellent et s'interrogent. Pour autant, pas l'ombre d'un embarras ne trémule sur ses traits placides. Sûr qu'elle ne redoute pas grand chose, Madone, derrière ses grands airs de souveraine. Droite comme un « i », Samara lorgne sans discrétion aucune sur la silhouette d'un souvenir nocturne. D'une oreille distraite, elle écoute néanmoins Bombay à ses côtés. Un rictus s'étiole sur ses lèvres pourpres, tandis qu'elle pose finalement mirettes sur la jeune femme. Sans répondre tout de suite cependant, elle fait courir ses phalanges sur son front, effleure ses tempes afin de soulager la pression qui lui broie le crâne. Que réserve l'avenir ? Samara l'ignore, bien entendu. Mais elle saurait réagir. Qu'importe les drames.  

« - Douterais-tu de moi ? , qu'elle demande l'air de rien, à la fois tendre et menaçante.

Ses doigts palpent la chair douloureuse, massent l'étau. Sûr qu'elle remarque l'ancien amant, là-bas, hagard parmi la cohue ambiante. Alors Samara se penche au dessus de son visage, ancre l'océan noir de ses pupilles au sien.

- Ou bien est-ce la présence de ton ancien époux qui tourmente ainsi ton âme ?

Elle arque l'un de ses sourcils. Puis lui offre un rictus d'une douceur suspecte. Que d'énergie pour se débarrasser de Korou jadis. Pourtant, il ne cesse de louvoyer; ombre méphistophélique sur sa toile de maître. Une tristesse factice semble dès lors assombrir ses traits. Comment savoir où se trouve la vérité, où se trouve le mensonge lorsque Samara se joue des émois fébriles de ceux qui l'entourent ? Sûr qu'elle est exquise pour feindre la tragédie. 

- N'ai-je pas toujours fait ce qu'il fallait pour nous ? »

actions:

Pangée, regarde-moi

Intrigue #2

Cela n'avait pas tardé après l'annonce d'Olympie : dès le lendemain, la confédération s'était réunie, et une fois au grand complet, ils avaient réussi à se mettre d'accord - non sans grand débats et éclats de voix - sur ce qu'il fallait mettre en place. Qui allait s'occuper de quoi, comment et où. Les judicieux avaient annoncé qu'ils avaient relevé des traces d'activité derrière la porte de la Lune, et cela avait achevé de rendre certains irascibles et mesquins. Mais finalement après de nombreux débats, sous la main agile et diplomate de Korou, le "plan d'attaque" (qui n'en n'était malheureusement pas un) avait été dessiné. C'en était suivi un travail acharné de la part du monarque, afin de coordonner les différentes actions. Il n'avait donc peu dormi ces derniers temps... mais après tout, aurait-il même réussi à dormir, avec tous ces événements ?

Il n'avait pas eu le temps de souffler, que déjà on avait été le jour J. Il s'était levé tôt afin de travailler avec @Anchorage à l'acheminement et la vérification que tout était bien en place. Puis, avec @Quito, il avait vérifié que les robustes étaient bien tous à leur poste. Stratégiques les postes : une bonne dizaine d'entre eux étaient positionnés sur les murs de l'amphithéâtre, voyant au loin ce qu'il se passait. Les autres gardaient avec un bon attirail les portes qui avaient laissé entrer les pangéens. Korou transpirait déjà, alors que la journée venait à peine de commencer. Mais à vrai dire, il fallait qu'il continue à se rendre utile, car sinon la peur allait prendre le dessus. Il se sentait ô combien si démuni. Lui qui prônait la non-violence, le voilà qui regrettait de n'avoir aucune arme sur lui, et encore moins d'entraînement au combat. Il se dirigea alors vers les portes, et demanda à quelques robustes qu'il connaissait où étaient Vienne et Florence... et apprit ainsi qu'aucun des deux n'étaient présents. « A la porte. » qu'on lui répondit. Korou blanchit. Et s'il leur arrivait quelque chose aujourd'hui... Il aurait du leur demander avant. Pourquoi ne s'en était-il pas préoccupé plus tôt ? Peut-être aurait-il pu les convaincre... (non) Il regarda alors autour de lui, avide d'une quelconque activité. Quelqu'un aurait peut-être besoin de lui, lui permettant ainsi de fuir ses tourments.

pangée, regarde-moi

intrigue numéro deux

Terre. Sous les pieds nus. Dans le long fourreau blafard, Pompéi s'extirpe de la presque-foule pour oxygéner l'espace vital. Fantomatique lueur parmi les succubes, elle entame une chanson au creux de sa tête. Postée aux côtés de Singapour, les démarches sont accouplées, comme deux symbiotes arborant le même tracé. Frénésie partagée.

Feu. L'oeillade sillonne les rangs, un à un, jusqu'à se fracasser sur les rives de @Samara. Sillons creusent la déraison d'une nuitée bizarroïde, perdue dans la masse de souvenirs méphistophéliques. « Elle semble s'intéresser à ta charmante figure. » Singapour pénètre le couloir de la mort, l'y pousse sans prévention. « Tu sais ce que tu as à faire, n'est-ce pas ? » La tête dodeline en guise d'obéissance aveugle, tandis que la gorge étouffe un râle belliqueux.

Air. Voilà le monstre qui échaude sa chair. @Kourou dans l'atmosphère, et voilà que l'air lui manque. « Puis-je disposer, votre Majesté ? » Le Roi lui offre un sourire presque angélique. « Tend l'oreille, ma douce. »

Eau. Ruée vers la noyade, le petit corps réclame de l'hydrogène en masse. Verre d'eau extirpé de ses semblables, elle inhale le liquide qui apaise la flambée intérieure. Seule, comme d'accoutumée, elle contemple les uns les autres, écoute les méandres des discussions expatriées. Epave parmi les navires, Pompéi se laisse tomber sur l'une des marches, simple spectatrice dans un monde dont elle ne se fera jamais rouage.

Spoiler: