Sorry we're closed - Carmarthen

COVENTUS :: territoires mineurs :: terres grises :: trou

PUISSIEZ-VOUS MOURIR POUR VOTRE MAÎTRE.

Sorry we're closedKingston & CarmarthenC'était une paisible fin de soirée au Trou, l'iconique bar des Terres Grises. Les quelques clients qui restaient finissaient leurs verres, profitant de l'agréable fraîcheur qui habitait le fond de l'air ; les conversations s'évanouissaient, petit à petit, alors que les clients quittaient doucement l'échoppe. Le poste de radio diffusait subtilement un tube blues des fifties, sublimant la scène qui paraissait tout droit sortie d'un film. L'ambiance était... franchement reposante.
Ça, c'était avant que Kingston pointe le bout de ses tresses.

Un bruit fracassant vint percer la bulle d'harmonie qui entourait le Trou. Des têtes se retournèrent : le fracas venait de l'entrée. Qu'était-ce ? Une descente des Robustes ? Un énième ivrogne qui aurait trébuché ? La réponse ne se fit attendre.
Fulminant de rage, Kingston, trafiquant notoire des Terres Grises, se dirigeait vers le comptoir, d'un pas lourd et visiblement impatient. Il avait ouvert la porte d'un furieux coup de pied, brisant l'harmonie ambiante. Les clients se turent ; on marmonna tout de même un " Oh non, pas lui..." qui, fort heureusement, n'arriva pas jusqu'aux oreilles du malfrat.

Il s'installa au comptoir, qui était, à cette heure là, désert. Carmarthen se trouvait derrière. Qui était Carmarthen ? Tout simplement le chef. En patron du bar, il voyait défiler toutes sortes d'individus au cours de la journée ; il entendait tout, il voyait tout, bref : un acteur incontournable dans l'écosystème des Terres Grises.
L'homme était de taille moyenne, bien que l'estrade sur laquelle il trônait derrière le comptoir le fasse paraître plus grand. Sa mâchoire, qui semblait avoir été taillée a la hache, était géométriquement parfaite. (Kingston aurait juré pouvoir y trouver un angle droit) Deux yeux d'un bleu limpide vous transperçaient quand vous croisiez son regard. Une tignasse de cheveux noirs de jais bouclaient sur sa tête, qui le rajeunissaient beaucoup. Malgré sa fonction de barman, Carmarthen était de carrure mystérieusement athlétique. Il faut croire que récurer des pintes à longueur d'année était beaucoup plus physique qu'on pouvait le penser.

Kingston connaissait bien Carmarthen. Il était son confident, quand les astres décidaient soudainement de gâcher sa vie. Il n'avait pas dit un mot, mais il n'était pourtant pas dur de deviner qu'aujourd'hui était une journée compliquée pour l'Anglais. D'un signe de main, il invectiva le barman :

" Carma, mets moi un gin sans glace, st'euplait. Pas mon jour, aujourd'hui."

De la poche de son manteau, il sortit une cigarette et la porta à ses lèvres.

" Si j'ai pété la porte, j'ten repaie une plus solide. Désolé, mais il m'a soûlé, l'autre connard, là."

*clic clic clic* trois coups, et une flamme jaillit du briquet. Il alluma le bout de sa clope et vociféra :

" Ce putain de crevard de Santiago. Tu le crois, ça ? Mon propre associé qui me pète une durite à cause d'une histoire de thunes ? Les gens sont des vautours, de nos jours, Carma. Pas une once de reconnaissance, non ! Toi, t'es juste là pour faire tomber la thune tout droit dans leur bec. J'en ai ma claque."

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Kingston

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Sorry we are closedÊtre le propriétaire du pub ne signifie pas forcément être employé dans le pub. En règle général Carma apprécie marcher entre les tables pour garder un œil sur sa précieuse clientèle. Il laisse ainsi traîner ses petites oreilles, se délectant des nouveaux ragots, retenant toutes les informations qui pourraient le servir lui et les exilés. Ce soir là est différent puisque contrairement à son habitude, c’est derrière le bar qu’il se trouve. Il y essuie machinalement un verre pour faire mine d’être occupé et tend discrètement l’oreille, dégustant les discussions de ses clients les plus proches. En réalité, il n’a pas l’habitude que le Trou soit si calme. Mais pour une fois, il ne s’en plaint pas. Sa mine est étrangement calme, le regard presque perdu dans le vide. Et si son attention est rivée sur la discussion qui se tient à quelques mètres de lui, c’est aussi à Kyoto qu’il songe. Cette douce femme qui est venue le voir sans pouvoir le laisser si indifférent. C’est sa sœur qu’il a vue en elle avant qu’elle ne lui tourne les talons pour quitter le bar. Sa voix si douce, son regard si pur. A dire vrai, Carma n’a pas l’habitude que ses clientes ne laissent ainsi et c’est bien ce qui semble le travailler. L’ambiance avait tout de calme, de reposant, tout pour lui garantir un moment propice à la réflexion jusqu’à ce que la porte du bar soit explosée. Un bruit sourd, qui sort Carma de son calme sans pour autant l’inciter à lever les yeux. Il ne bronche pas réellement, continuant d’essuyer son verre et se contente de secouer machinalement la tête. Il ne s’inquiète pas plus que cela car la majorité des brutes du quartier, il les connaît. A dire vrai, on le connaît aussi. On sait qu’il est seigneur mais on sait surtout que ses capacités dolokinésistes ne sont guère agréables à vivre et que plus on évite les fureurs du Trou, mieux c’est.

Le garçon qui entre laisse planer un brouhaha de mécontentement, des réflexions douteuses qui laissent doucement sourire Carma. Il en est presque amusé. Car non seulement il reconnaît l’entrée fracassante de son ami entre mille, mais aussi parce que lui-même sait qu’il ne supporte pas qu’il entre de cette façon dans son bar. Il le laisse malgré tout s’avancer au comptoir et lui sert un verre dans lequel il prend soins d’ajouter la glace. Il le glisse en sa direction et plonge son regard bleu dans le sien, l’air presque menaçant. «- Tu auras une commande correcte quand tu laisseras mon bar dans un état correct. » Il plisse les yeux, l’air mauvais. «- Oh mais j’y compte bien, la porte n’avait aucun rôle dans ce conflit. » Il se redresse avec assurance, toisant le garçon d’un œil noir avant de pousser un long soupire. C’est Kingston, on ne le changera pas. Il attrape un nouveau verre qu’il essuie proprement à l’aide d’un torchon simplement pour s’occuper les mains. Il s’adosse contre le comptoir, l’attention rivée sur les paroles de son ami. Il n’a même pas le temps de lui demander un nom que Kingston lâche déjà toute l’affaire. «- Tu veux que je m’en occupe ? » Il lève doucement les yeux vers lui, un air de malice dans le regard. «- Je ne sais pas qui est en faute, mais je peux soit vous exploser la tête l’un contre l’autre pour garder l’ensemble de mes meubles soit ... » Il se redresse vers lui, déposant le verre dans lequel il se sert un fond de whisky. «- Soit comme d'habitude, je prends ton parti et je balance son corps là où personne ne le trouvera. » Il prononce ces mots d’une voix presque machiavélique et son regard se fait noir. C’est au même instant qu’il se redresse, l’air plus sérieux. «- Ou alors comme deux grands garçons vous réglez vos histoires en dehors du Trou. » Il hausse un sourcil l’air plus confiant et lève son verre en direction de Kingston. «- C’était quoi cette affaire ? »

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Carmarthen

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Sorry we're closedKingston & Carmarthen "Tu auras une commande correcte quand tu laisseras mon bar dans un état correct." Kingston observa avec dépit le fond de whisky qui gisait au fond de son verre, serré entre quatre gros glaçons. Carma marquait un point : quand on s'amusait à endommager le mobilier de son hôte, il ne fallait pas s'attendre à un accueil quatre étoiles.
Il en avala tout de même une ou deux gorgées, réprimant une grimace.

"Tu veux que je m’en occupe ?" avait proposé Carmarthen à la mention de Santiago, l'associé de Kingston qui était la cause de son entrée fracassante.
Kingston avait toujours trouvé le regard arctique du barman véritablement glaçant. Il avait cette lueur froide, robotique, presque inhumaine. Qu'avait-il bien pu vivre avant la Pangée ? Il s'était toujours bien gardé de lui demander.
Avec le temps, il avait fini par comprendre ce que Carmarthen voulait dire par "s'en occuper". Il n'utilisait jamais d'autre formule, il "s'en occupait", point barre : sobre, efficace, simple. Ce qu'il laissait derrière lui une fois le "travail" terminé, en revanche, n'avait rien de sobre. Il était arrivé plus d'une fois à Kingston de recourir aux services du Gallois, lorsqu'il n'avait pas le temps ou l'envie de régler ses petites affaires. Il n'avait jamais assisté aux dits meurtres, mais il avait une certitude : c'était toujours très sale. Carma faisait preuve de plus de finesse quand il concoctait des Cuba Libre que lorsqu'il charcutait une cible, c'était certain.

"Je ne sais pas qui est en faute, mais je peux soit vous exploser la tête l’un contre l’autre pour garder l’ensemble de mes meubles soit ..." Il marqua un temps d'arrêt, une lueur de sadisme rougeyant au fond de ses iris."Soit comme d'habitude, je prends ton parti et je balance son corps là où personne ne le trouvera."

Kingston tira une bouffée de sa cigarette et poussa un soupir. "Arrête un peu. Je veux pas le tuer. C'est mon pote et par dessus-tout, c'est mon collègue. J'ai besoin de lui pour faire tourner la baraque. J'ai pas envie de le retrouver au fond du canal des Terres Blanches, comme t'avais laissé l'autre imbécile de Volgograd."

« Ou alors comme deux grands garçons vous réglez vos histoires en dehors du Trou. C’était quoi cette affaire ? »

" Une connerie, si tu veux mon avis. Comme tu le sais, j'ai des clients... importants. Tu péterais un plomb si tu savais le nombre de grosses têtes de la Pangée qui s'envoient des rails de coke ou des shoots de Mandragora. Figure-toi que j'ai reçu une commande vraiment importante d'un seigneur -c'est tout ce que je peux te dire- et que je me suis fait des couilles en or."

D'un signe de main, il demanda un nouvelle dose de whisky à son ami, qu'il vida aussitôt d'un trait. Un sourire narquois naquit sur son visage, découvrant des dents étonnamment blanches pour quelqu'un qui menait une telle vie de débauche.

" Le plus drôle dans l'histoire, c'est que je l'ai mise à l'envers à ce pigeon. J'ai coupé sa conso avec de l'eau et du bicarbonate de soude, donc sa drogue et trois fois moins forte, et moi j'en économise trois fois plus. Bénéf." Il ricana avec triomphe. " Entuber les grands pontes, y'a rien de plus satisfaisant. Pour en revenir à l'embrouille, cet abruti de Santiago réclame un 50%, prétextant qu'on est potes, alors que j'ai fait tout le taf. On a failli en venir aux mains, tout à l'heure."

Il écrasa sa cigarette, désormais totalement consumée, au fond d'un cendrier en plastique qui traînait sur le comptoir.

HRP:

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Kingston

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