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Soirée enivrante, douce mélodie en fond. Elle se devait d’être présente, seigneure des Judicieux, soutenant sa reine sans équivoque. Précieuse amie, l’une des seules certainement, de ceux que l’on peut compter sur les doigts d’une main. Les Rois et Reines se retrouvent ce soir chez les Monarques, encore une de leur soirées dont on parlera pendant quelques semaines. C’est habillée d’une délicate robe noire que Fering s’est présentée ce soir, ses longs cheveux blonds tombant en cascade sur ses épaules. Du maquillage léger, presque imperceptible, mais assez pour mettre ses yeux d’émeraude en valeur. Le regard brillant et fier, elle se saisit du cocktail qu’on lui propose, remerciant d’un signe de tête poli le serveur qui vient de lui offrir cette boisson. Doucement, la judicieuse porte le verre à ses lèvres, en tire une gorgée qu’elle sent descendre le long de son oesophage. C’est délicieux, agréable, fruité même. Un instant, ses pensées s’égarent, elle se demande si elle ne ferait pas mieux de quitter discrètement la soirée pour rejoindre la Tour d’Astronomie et y travailler en toute tranquillité.

Mais alors qu’elle accorde un regard partiellement concentré sur l’assemblée, n’ayant depuis son arrivée pas quitté ce coin de mur qui la soutient, ses yeux clairs accrochent ceux d’un autre invité. Ce regard, cette silhouette, l’homme lui fait penser à quelqu’un, sans qu’elle ne parvienne à trouver le nom. Elle l’a sûrement déjà croisé, c’est certain. Les sourcils légèrement froncés alors qu’elle se plonge dans sa réflexion, Fering tente de se souvenir. Doucement, son esprit fait le chemin jusqu’aux robustes, et elle reconnaît là leur Roi. Bien évidemment, dans une soirée organisée par les Monarques, il était évident que le haut placé des Robustes s’y présente. Pinçant légèrement les lèvres, Fering détourne son regard pour le reporter vers le buffet, quittant alors ce petit coin si accueillant dans lequel elle se trouve depuis son arrivée. Pas une seule fois, elle ne s’est mêlée à la cohue des invités, saluant simplement chaque personne s’approchant assez d’elle pour accrocher son regard. Quelques pas plus loin, elle se saisit d’une petite bouchée, puis d’une seconde, terminant alors ce cocktail qui semblait si délicieux entre ses doigts fins. Fort heureusement, le serveur revient bien rapidement lui proposer un second verre, à croire qu’il n’a cessé de surveiller le moment où Fering terminerait son premier cocktail. Les mains de nouveau occupées, la jeune femme tente un regard en direction de là où se trouvait le Roi des Robustes quelques instants plus tôt, mais elle n’y croise que le vide. Fronçant alors les sourcils, la jeune femme le cherche, quelques instants, pour pouvoir croiser de nouveau ses pupilles.

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5 mois qu’il tentait d’exercer sa nouvelle fonction sans se laisser aller. Il tentait de réprimer sa colère et son chagrin après avoir perdu l’une des seules personnes qui avait compté dans sa vie depuis qu’il avait posé les pieds en Pangée. Il ne pensait pas devoir faire face ici aussi au deuil, à la douleur que provoque la perte d’une personne proche. L’ancien Roi des Robustes avait eu une aura protectrice, conseillère, sage, quelque chose que Jakarta avait toujours rêvé. Il avait essentiellement joué le rôle de père, accueillit à bras ouverts après de ceux qui le correspondent vraiment. Est-ce vrai ? Lui qui souhaitait pouvoir se mouvoir auprès des grands, après des Monarques, le lion blanc à la couronne. Lui qui rêvait de suivre les pas de Singapour à la manière d’un soldat, d’un conseiller, comme il avait toujours été entraîné avant d’entrer en Pangée. Il avait d’ailleurs été invité à l’une de ses nombreuses réceptions. Presque une première depuis qu’il avait pris la place de Roi. Son ascension avait fait sensation en Pangée, mais il se demandait chaque jour s’il méritait sa place, si c’était bien là qu’il devait être. Parfois, il remettait en doute toute son existence, craignant d’avoir fait les mauvais choix.

Il se meut au milieu de la foule, il fait son apparition avec nervosité tandis que de nombreux regards se tournent vers lui. Il tente d’en faire abstraction, salue de nombreux personnes qui le félicitent encore pour son nouveau poste. Il aimerait leur dire qu’il ne mérite pas sa place, qu’il aimerait que l’ancien Roi revienne parmi eux, mais il sait que ses mots sont inutiles. Dans le coin de son oeil, il remarque une magnifique blonde dont les cheveux blonds tombent en cascade sur ses épaules et dans son dos. L’impression d’avoir déjà croisé la jeune femme le pousse à s’interroger à son sujet. De quel clan était-elle issue ? Comment s’appelle-t-elle ? Il savait que le choix d’une ville à leur arrivée en Pangée pouvait définir toute une personne. Qu’avait-elle choisi ? Pourquoi ? Il la voit s’enfiler de nombreuses bouchées qui le font sourire, puis il décide de parcourir les mètres qui le séparent d’elle, plongeant au milieu de la foule, se fondant dans la masse tel un serpent avant de parvenir à reparaître juste derrière elle. « Une petite faim ? » demande-t-il d’un oeil accusateur. « Ne vous en faites pas, je suis aussi friand que vous concernant ces petites beautés que nous offrent les Monarques à chaque cérémonie. » lance-t-il d’un air beau parleur. Il essayait de prendre son rôle de Roi, s’enfilant dans un costume qui ne lui sied pas. Pourtant, il continue de feindre, d’apprendre à jouer son rôle, notamment par sa façon de parler qui s’est nettement améliorée depuis de nombreux mois — mais les efforts ne dureront malheureusement pas.

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Bien qu'elle ne se sente pas spécialement à sa place au sein des mondanités -qui selon elle, devraient être réservées uniquement à la royauté et non pas aux subordonnés-, Fering commençait doucement à se détendre au sein de cette soirée. Quelques personnes venaient la saluer, d'autres lui accordaient simplement un regard curieux. Elle était une judicieuse, ceux qui ne quittent pratiquement jamais leurs laboratoires, et c'était complètement vrai. Quand elle n'avait pas à se montrer en public, ou n'avait pas besoin de sommeil, Fering était constamment dans sa Tour d'Astronomie, étudiant encore et encore les étoiles et ce qu'elles voulaient bien lui révéler. Cependant, ce soir elle pu remarquer que toute l'attention était dirigée vers ce bel homme qui avait croisé son regard un peu plus tôt. Le jeune Roi des Robustes, dont l'ascension avait eu lieu quelques mois plus tôt. Pas plus d'une demi année, si Fering se rappelait correctement. En tant que Judicieuse, elle ne se mêlait que peu des histoires des autres clans, et particulièrement des Robustes qu'elle ne porte pas dans son cœur. Ils sont bien trop brutes, bien trop nerveux pour elle, tempête calme.

Alors qu'elle se détourne du jeune Roi pour se rapprocher du buffet, son ventre commence à lui signaler qu'elle n'a encore rien avalé de la journée – les étoiles lui prennent tout son temps, après tout. C'est donc une première bouchée qu'elle s'enfile, puis une seconde, et peut-être même une troisième alors que sa main se retrouve occupée d'un nouveau cocktail. Y a pas à dire, le service des Monarques est souvent irréprochable. Mais alors qu'elle porte le verre à ses lèvres, cherchant dans l'assemblée ce jeune Roi dont elle a croisé le regard un peu plus tôt, une voix dans son dos la fait légèrement sursauter. Imperceptible, presque, mais pourtant il l'a surprise. Les sourcils froncés, Fering se retourne sans plus tarder face à cet homme, le port de tête fier, se grandissant autant qu'elle le peut pour le toiser du regard. « Il n'est pas correct de se glisser dans le dos d'une femme pour la surprendre, vous savez ? » Plissant un instant les yeux, détaillant ce visage qu'elle imaginait, sans trop savoir pourquoi, différent, la blonde finit par reprendre une gorgée de son verre. « On ne peut que constater qu'ils ont un talent certain pour l'organisation de ces cérémonies. Félicitations, par ailleurs, pour votre ascension, Votre Majesté. » Elle se redresse un peu, Fering, se tournant de trois quart contre le Roi pour pouvoir reprendre une bouchée, frôlant presque le bras de ce dernier, alors qu'un sourire amusé s'installe sur les lèvres de la scientifique.

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Il a l’impression d’être à sa place, au milieu de ce monde dans lequel il obtient l’attention dont il a toujours voulu. Autrefois simplement soldat sur la mer, désormais Roi d’un clan qui l’avait vu renaître, Jakarta avait eu l’impression d’avoir une seconde chance, une nouvelle vie. Oublier le passé, recommencer. Sans parents. Sans problèmes, sans attache. Plus rien ici n’avait d’importance. Il pouvait être qui il voulait, feindre, aimer, détester, cesser de ramper. Il pouvait courir, anéantir. Il en avait le pouvoir, désormais. Nouveau monde, nouvelle règle. Et pourtant, il agissait toujours comme un soldat. Seulement comme le maître des soldats. À croire que c’était dans son sang, que ça coulait à flot dans ses veines. Il n’était pourtant pas sûr d’être lui-même au milieu de ce monde ? L’était-il vraiment, à sa place ? Il en avait l’impression sans en être sûr, il avait envie d’y croire.

Le simple fait que Singapour le félicite lui avait mis du baume au coeur et lui avait donné suffisamment de courage pour aller courtiser une demoiselle reclue.
Il s’était doucement glissé dans son dos et elle lui reprochait désormais de l’avoir surprise. Beaucoup de femmes auraient rêvé qu’un homme la surprenne ainsi mais elle ne semblait pas être comme les autres, elle semblait différente. Et cette différence donnait l’impression à Jakarta qu’elle ne serait pas seulement celle qu’il allait faire entrer dans son lit le temps d’une nuit. Il pencha la tête sur le côté, de manière à faire ressortir son côté amusant. « La plupart des femmes aiment l’incorrect. Le déplacé. Mais vous n’êtes pas comme les autres femmes, je me trompe ? » lui demanda-t-il en plissant les yeux, intrigué par ce petit bout de femme. Il détaillait les traits de son visage sans remords, glissant quelques coups furtifs sur ses yeux, sa bouche, les traits fins de son visage, ses courbes élancées. Il la dévorait du regard, comme il le faisait pour chaque corps qui l’attirait. Le sien était encore un parmi tant d’autres. Un jour, il deviendrait le seul qu’il voudra convoiter. « C’est vrai que les Monarques ont toujours su nous impressionner quand il s’agit de cérémonie. Ce n’est pas pour rien qu’ils sont presque à la tête de la Pangée. » Il ne s’en rendit pas tout de suite compte, mais l’appellation Votre Majesté lui faisait tout drôle, surtout venant de cette demoiselle. Il tendit sa main pour prendre celle de la jeune femme et y déposer un baiser afin de jouer sur la galanterie digne des films de l’époque. Il ne savait pas pourquoi il ressentait autant le besoin de l’épater, mais il le faisait sans remords. « Jakarta, Roi des Robustes, mais j’imagine que vous savez qui je suis. Vous êtes ? » demanda-t-il. Il ressentait le besoin de connaître son nom, mais davantage son clan, même si, en connaissance cause, ce ne serait jamais un frein, qu’elle soit Élégante, Judicieuse ou même Exilée, l’appartenance lui importait peu.

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Bien qu'il l'ait surprise d'une manière pour le moins inattendue, Fering se détend de nouveau, ne restant jamais bien longtemps sous tension. La tête légèrement penchée sur le côté, la blonde détaille sans gêne le visage du Robuste, cherchant une étincelle dans ses yeux qu'elle ne parvient pas spécialement à trouver. « Non, vous ne vous trompez pas. Vous n'avez pas devant vous une de ces pimbêches qui feraient tout pour se faire sauter, Votre Majesté. » Elle s'en amuserait presque, de ce titre, de cet appellation qui sonne ô combien différente de quand elle s'adresse à Caraquet. Ce jeune Roi mérite sa place, elle en est persuadé – autrement, il n'aurait jamais été élu par les Robustes. Mais prendre tout au sérieux n'est pas spécialement dans le caractère de la blonde, mis à part quand elle travaille bien entendu. Un sourire en coin étire ses lèvres alors que son regard pétille, s'ancrant dans celui clair et perçant du Robuste. Elle devrait le mépriser, le haïr et l'envoyer paître, mais il n'en est rien. Les guerres entre clans ne concernent pas forcément tous les membres, et il ne sait sûrement pas d'où elle vient. Pour le moment, du moins.

Fering sent le regard de la royauté dévier sur son visage, sur ses courbes et elle reste là, prenant une gorgée de ce cocktail qui est si délicieux entre ses mains, se laissant observer comme une pouliche aux enchères. Doucement, sa main agile se penche pour se saisir d'une bouchée, mais elle est attrapée au vol par le Roi, qui vient y déposer un doux baiser. Le sourire sur les lèvres de la Judicieuse s'étire un peu plus, alors qu'elle se penche doucement vers lui. « Ce n'est bien qu'en apparence, qu'ils sont à la tête de la Pangée. On oublie bien trop souvent ceux qui travaillent dans l'ombre, Votre Majesté. Ceux qui œuvrent pour améliorer votre confort de vie, sans un remerciement aucun. » Se redressant alors pour reprendre cette petite, légère distance entre eux d'eux, la blonde le laisse se présenter, hochant doucement de la tête. De l'index, elle caresse doucement le bout des doigts du Robuste, laissant sa main dans la sienne. « En effet, j'ai entendu parler de votre ascension. Tous les regards semblent tournés vers vous, ce soir. » Elle pince un instant ses lèvres rosées, lâche la main du Roi pour passer la sienne entre ses cheveux blonds, ramenant une mèche derrière son oreille. « Fering. Directrice de la Tour d'Astronomie, et Seigneur des Judicieux. » Elle lui fait alors un petit clin d'œil, se détournant de lui pour reprendre une bouchée, qu'elle s'empresse d'avaler.

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Il se délectait de la vue, la détaillant du regard comme s’il n’y avait qu’eux, heureux d’avoir réussi à la surprendre. Il la sentait différente, et elle se faisait savoir par une réplique pour le moins poussée. Elle avait le langage semi-soutenu, semi-vulgaire qui confirmait ses dires. « Vous préservez votre nature. » dit-il, pensif, essayant d’oublier qu’au cours de ces dernières années, il s’était en effet tapé par mal de « pimbêches qui feraient tout pour se faire sauter ». « J’aime bien. » conclut-il sans en dire davantage. Il n’avait aucune envie de décrire la façon dont il commençait à apprécier son caractère, il voulait continuer d’explorer, mais si déjà, à cet instant, il n’aurait pas dit non pour la mettre dans son lit. Il apprécie glisser ses yeux sur son sourire puis retourner près de ses pupilles pétillantes de vie. Il y a quelque chose dans son regard, une étincelle qu’il ne saurait expliquer, quelque chose qui la rend profondément différente de celle qu’il a l’habitude de côtoyer.

Les pièces du puzzle commençait doucement à s’assembler et il devinait dans ses mots et ses tournures de phrase l’appartenance de la demoiselle. Les travailleurs de l’ombre, ceux qui n’appartiennent pas aux Monarques, ceux qui dirigent réellement, loin des apparences. Elle est là, l’intellectuelle. « On devrait les remercier plus souvent, j’en conviens. Mais leur tolérance envers certains clans laisse à désirer. S’ils nous prenaient moins pour des brutes sans cerveau, peut-être que les remerciements pleuveraient davantage. » expliqua-t-il, plein de sous-entendus. Ce n’était pas contre elle, mais il savait ô combien les Judicieux n’appréciaient guère les Robustes, plongeant ainsi leurs relations dans un cercle vicieux. Alors qu’il avait attrapé la main de la demoiselle à la volée, il est presque surpris de sentir qu’elle la laisse dans la sienne et son contact le fait sourire. Lorsque leurs mains se détachent, il croise ses bras sur son poitrail tandis qu’elle ramène une mèche derrière son oreille, la rendant plus jolie encore. « Et ils oublieront bientôt mon nom, comme ils le font tous. Ils prétendent me regarder mais ils m’auront oublié le lendemain. Et moi de même d’ailleurs. » ajouta-t-il avec un sourire aux lèvres. Une Judicieuse donc, la tête dans les étoiles. Il se crispe un instant lorsqu’il entend le nom du clan, mais finit par se détendre en se disant que peu importe le clan, cela ne l’a jamais empêché de s’amuser. « Enchanté, Fering. » Le goût du défi lui monte à la tête, le prend à la gorge, le pousse à agir. « Que diriez-vous que l’on s’éclipse de cette mascarade, Seigneur ? »

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Un sourire qui devient fier sur ses lèvres rosées, la jeune femme hoche de la tête à ses paroles. « Je ne suis pas de celles qui portent un masque pour plaire. Tôt ou tard, la vérité finit par éclater alors autant être soi-même dès le départ, non ? » Elle se redresse un peu, joue quelque instants avec le verre qu'elle tient entre ses doigts avant de le laisser s'évaporer dans sa gorge en une fraction de seconde. Deuxième cocktail enfilé. Doucement, Fering dépose le verre sur la table, surprise de ne voir aucun serveur débarquer pour lui en apporter un troisième. La présence de Jakarta serait-elle comme une barrière ? L'idée lui plaît, sans qu'elle ne sache vraiment pourquoi. La conversation dévie doucement vers les Judicieux, travailleurs de l'ombre et Fering ne peut qu’acquiescer les paroles du Roi. « Oh, mais je suis persuadée que tout le monde à un cerveau, Votre Majesté. Le tout est de savoir l'utiliser à bon escient. Loin de moi l'idée que tous les Robustes ne sont que des brutes façonnés pour frapper sans compassion. Je tente de ne pas avoir de préjugés, un clan, un titre, ce ne sont que des mots parmi tant d'autres. » Elle lui lance alors un sourire amusé, croisant à son tour ses bras sur sa poitrine après avoir dévoré une cinquième bouchée. Que c'est délicieux.

Présentations faites, la conversation dévie doucement vers le nouveau titre du Roi des Robustes. « La dure loi de la Pangée, il faut croire. La Royauté est bien la seule à être ainsi acclamée quand un nouveau roi, ou une nouvelle reine prend place. Personne n'a pleuré mon prédécesseur, personne mis à part ma Reine, n'a félicité ma propre ascension, mais c'est ainsi. La Pangée est une plateau d'échec et nous ne sommes que des pions, Votre Majesté. » Ce titre l'amuse réellement, et elle doit se retenir de ne pas sourire un peu plus à chaque fois qu'il franchit ses lèvres. Doucement, Fering tend sa main vers celle du Roi, pour serrer la sienne, en guise de fin de présentation. « Enchantée de même. Je serais grandement ravie de partir d'ici, et je connais même un coin douillet.. Ou nous serions certainement plus à l'aise. » Un sourire amusé, une lueur de défi dans le regard et Fering s'empresse de reprendre une bouchée qu'elle enfourne entre ses lèvres rosées, avant de s'éclipser en toute discrétion de la soirée. Caraquet lui en voudra peut-être, mais il y a bien longtemps que Fering ne s'est pas autant amusée.. Encore moins en compagnie de quelqu'un. Un dernier regard vers le Roi des Robustes, et la jeune femme s'enfuit dans la nuit, l'attendant quelques pas plus loin. Une Judicieuse et un Robuste, il ne faudrait pas qu'ils soient vu ensembles. La discrétion est de mise, et elle l'attend derrière un pilier, à l'abri des regards, se demandant si il va véritablement la rejoindre.

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Elle n’est pas différente, elle n’est simplement pas fausse. C’était ce qu’il venait de réaliser qu’il aimait bien chez elle. Son côté vrai, authentique. Elle n’avait pas l’air de se cacher derrière un masque comme beaucoup. « Certains n’ont pas envie que tout le monde sache toute la vérité sur eux. Trop douloureux. Trop honteux. Chacun a ses raisons. Il faut simplement savoir faire tomber les masques. » Il espérait au fond d’elle qu’elle comprenait son point de vue. Jakarta avait toujours été un homme à se cacher derrière un masque pour ne pas avoir à affronter la réalité, pour oublier à quel point l’avant Pangée était un monde désastreux pour lui. Et s’il se cachait, c’était pour qu’ils ne le regardent pas avec un sentiment de pitié. C’était la dernière chose qu’il souhaitait apercevoir dans leurs yeux. Faire tomber les masques révèlent des faiblesses qu’on ne doit pas laisser dans les mains de l’ennemi.

Jakarta décide de la suivre dans cette enfilade de cocktails, désireux, lui aussi, de sentir le liquide glisser dans sa gorge, même s’il rêvait de quelque chose de plus fort. Il avait envie de sortir sa gorge le brûler, mais il n’y avait que douceur pour le moment. Lorsqu’elle dépose son second verre, il lève la main en direction d’un serveur, à la manière d’un Roi. Il exige désormais, il en a le pouvoir. « On ne va pas laisser une Seigneur et un Roi assoiffés, n’est-ce pas ? » déclare-t-il comme simple justification. Il la guette croiser les bras sur sa poitrine, comme si elle était fière de ce qu’elle venait de laisser doucement glisser dans la conversation. Quel que soit le rang, le titre, elle ne portait aucun préjugé. C’était bon à savoir. « J’apprécie votre ouverture d’esprit. Je crois déjà avoir quelque chose à apprendre de vous. » ajoute-t-il avec un petit clin d’oeil. Comme s’il avait vraiment quelque chose à apprendre de qui que ce soit. Mais elle méritait ces mots, elle méritait qu’il lâche un peu de fierté pour elle, parce qu’elle n’était pas fausse, parce qu’elle ne portait pas de masque.

« Oui, j’en conviens. La vie en Pangée est loin d’être celle que l’on pouvait connaître auparavant. Si ce n’est pas trop tard ma chère, félicitations pour votre ascension au rang de Seigneur et de Directrice. Au moins, vous aurez entendu mes acclamations. » annonce-t-il pour la radoucir. Il détestait l’idée qu’il faisait désormais partie de l’élite et que les autres n’avaient pas le droit à autant de salut, de reconnaissance. Mais, comme elle le disait, ils n’étaient que des pions et bien qu’il soit Roi des Robustes, Jakarta savait qu’il n’avait, en vérité, aucun pouvoir.
Lorsqu’elle détache sa main de la sienne et qu’elle s’éclipse de la fête dans la pénombre de la nuit, elle l’attire, elle attise une flamme qui deviendra feu. Elle semble tenir les rênes de cette soirée, lui qui a l’habitude d’être aux commandes. Il aimerait la suivre instantanément mais une main se pose sur son épaule pour le féliciter et on l’attire au milieu de la foule. Il ne veut pas les rejoindre, il veut quitter cet endroit, filer auprès d’elle. Mais ses fonctions, ce soir, l’en empêche. Alors que Roi est censé être un privilège, il s’agit ce soir d’un piège, d’un retardement. Ce soir, il aimerait être un Robuste lambda, pas celui qui a succédé à un ancien Roi excellent. Pas celui pour lequel on attend de grandes choses.

Le temps passe, les aiguilles des secondes défilent beaucoup trop rapidement et à mesure que les minutes passent, il se fait du soucis. Combien de temps est-elle prête à l’attendre dans l’ombre de la nuit ?
Pourtant, il parvient enfin à s’éclipser. Le stress monte doucement dans ses membres jusqu’à venir hérisser les poils de ses bras. Parcouru d’un léger frisson, il se glisse auprès de la nuit, cherchant du regard la belle Fering, néanmoins persuadé qu’elle ne l’a pas entendu. Dans l’obscurité, il cherche la moindre silhouette, il murmure son nom mais elle ne semble pas là. Et il regrette parfois, d’être Roi. Mais l’aurait-il seulement rencontrée si chaque évènement ne s’était pas fait de la même manière ?
Il laisse ses pas glisser dans la pénombre, il poursuit sa route en se laissant guider par ses pas. Où peut-il donc aller ? Il avait pourtant toujours espoir qu’elle n’était pas encore trop loin. Déjà partie. Envolée. Rencontre éphémère, chance perdue.
Reviens, Fering.
Approche, n'ait pas peur.

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Il y avait quelque chose chez cet homme qui la faisait douter, se questionner sur ses principes et ressentiments. Il était différent, et pourtant il semblait cacher cette différence, l'enfouir tout au fond de lui. Il y avait cette lueur étrange dans ses yeux, comme un appel à l'aide, des sentiments trop longtemps étouffés, enfouis. Il n'était pas comme les autres, mais semblait tout faire pour se fondre dans la foule. Un simple hochement de tête à sa tirade sur les masques, Fering ne relève pas, consciente qu'il évoque peut-être une part de lui. Mais il est trop tôt, encore. Au simple signe de la main du Roi, un serveur accoure pour les servir, et Fering prend doucement son verre d'un air amusé. « Rapide, ce service. Merci, Votre Majesté. » Elle lui fait un clin d'œil, se redresse un peu en portant la boisson à ses lèvres. Le liquide s'évapore doucement dans sa gorge, délicieux breuvage dont elle ne saurait se passer, ce soir. Apprendre quelque chose d'elle ? Penchant légèrement la tête sur le côté, Fering le détaille sans gêne, cette fois, laissant glisser son corps sur sa silhouette musclée, avant de venir planter son regard dans celui du Roi. « Merci pour vos compliments, j'apprécie vos acclamations. Je m'en souviendrais. » Un nouveau sourire charmeur du bout des lèvres, et Fering termine son verre d'une traite avant de s'enfuir suite à la proposition du Roi. Aller ailleurs. Elle s'éloigne alors un peu du lieu de rassemblement, venant s'appuyer contre une colonne.

Le temps passe, les aiguilles défilent. Elle regarde parfois sa montre, se demandant un instant si il ne s'est pas moqué d'elle. Si il ne lui a pas proposé de partir, pour lui rester et profiter de la faite sans la Seigneur des Judicieux. C'est étrange, cependant, et au fond d'elle, elle n'y croit pas. Profond soupir qui s'échappe de ses lèvres, alors qu'elle s'éloigne un peu, marchant quelques pas avant de se laisser tomber dans l'herbe. Allongée sur le sol, les yeux rivés sur les étoiles, Fering contemple le ciel avec passion, intérêt. Qu'a t-il à lui révéler ce soir ? Est-ce que le Roi des Robustes va la rejoindre ? Le temps ne lui paraît plus si long, maintenant que son regard est rivé sur l'immensité du ciel. Soudainement, un soupir, son prénom prononcé à voix basse. Sans pour autant se redresser, Fering lève simplement la main vers le ciel, restant allongée dans cette herbe fraîche. « Vous voilà enfin, Votre Majesté. J'ai bien cru que vous m'aviez posé un lapin. » Elle hausse un sourcil, finissant par s'asseoir pour le chercher du regard dans la pénombre. Elle distingue la silhouette, sombre et trouble de Jakarta. Alors, lentement, la Seigneur se relève, époussetant sa robe de ses mains fines.

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Il apprécie désormais qu’en un claquement de doigts, on accourt pour lui quand il faisait le chien, le soldat lorsqu’il n’était encore qu’un simple membre du Clan des Robustes. Le serveur les serre sans hésiter, et il relève le clin d’oeil de Fering qui semble apprécier ce privilège. Être Roi n’a pas que de mauvais aspects après tout. Mais jouer les Rois, était-ce sincèrement sa volonté lorsqu’il avait décidé d’entrer en Pangée ? Son sourire charmeur tord l’homme dans tous les sens, comme une emprise charnelle le temps d’un instant avant que les deux énergumènes ne se séparent par la force des choses.

Il ne veut pas qu’elle s’en aille. Pourvu qu’elle soit encore là, qu’elle ne soit pas partie. Malgré cet infime espoir qui gronde au fond de lui, cette envie de se raccrocher à cette petite illusion, il se rend compte que le mirage est réalité lorsqu’une main se lève doucement et qu’une voix se porte jusqu’à lui. Elle n’a pas disparue, elle n’a pas décidé de s’en aller mais pourtant, sa présence lui avait manqué. Elle avait peur qu’il se soit éclipsé pour ne pas la voir. La pensait-il lâche ? Jakarta n’avait pourtant jamais failli à un rendez-vous, fou romantique qu’il était. Qu’était donc un homme qui laissait le corps d’une femme seule la nuit alors qu’elle attendait celui qui allait la faire vibrer tout le long de la nuit ? « Jamais, Ma Dame. » Il constate qu’elle se relève alors qu’elle était perdue, la tête dans les étoiles, quelques instants plus tôt. « Je vois que vous avez un attrait prononcé pour l’astronomie. Voudriez-vous que nous restions un peu pour contempler les étoiles ? » Éternel romantique, hein ? C’était sûrement ça qui faisait que les femmes tombaient sens hésiter dans ses bras.

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Le regard rivé vers cette immensité étoilée face à elle, Fering observe les astres, les détaille du regard. Elle s'y plonge, s'y noie, ce bonheur que lui apportent ces petits points brillants dans le ciel. Doucement le monde arrête de tourner autour d'elle, elle sait parfaitement qu'en une fraction de seconde, elle pourrait séparer son corps astral de son corps physique, se promener autour sans trop pouvoir s'éloigner, étrangement. Des limites parfaitement dessinées dans cet autre monde qu'est celui de la projection astrale. Soudainement, un murmure attire son attention, et Fering finit par se redresser avant de se lever. Il est revenu. Le Roi des Robustes est face à elle, de nouveau, alors qu'il l'a laissée quelques minutes – si ce n'est plus, le temps lui paraissait interminable – plus tôt. Se redressant alors, Fering s'approche doucement de cet homme qui, sans trop en savoir la raison, la fait chavirer. Sortir de ses habitudes, de son train-train sans homme ni draps froissés.

« Les étoiles sont une maison, un abri pour moi. Mais ne vous inquiétez pas, je les observe déjà bien assez souvent. Ce soir, c'est quelque chose de différent que j'aimerais contempler. » Un doux sourire au bord des lèvres, Fering franchit ce dernier pas qui les sépare, son corps tout près de celui de Jakarta. Les yeux dans les yeux, éclairés uniquement par la lueur de la lune, elle détaille son visage sans gêne, cherchant ses cicatrices, marques du temps sur sa peau. Ses pupilles viennent rencontrer celles du Roi, et doucement, presque timidement, Fering pose sa main sur le torse musclé. Rien de plus, elle la laisse là, immobile, tout contre le cœur de Jakarta. « Vous êtes différent des autres Rois, vous savez ? » Ses yeux clairs parcourent la silhouette de l'homme, avant qu'elle ne revienne soutenir son regard, les yeux dans les yeux. « Êtes vous déjà allé à la Tour d'Astronomie, Votre Majesté ? » Elle lui fait alors un clin d'œil malicieux, s'éloignant subitement de lui pour faire quelques pas dans l'herbe fraîche, le regard de nouveau tourné vers les étoiles

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Jakarta se souvient qu’il n’a jamais été particulièrement attiré par les étoiles, d’un point de vue scientifique. Il n’a jamais cherché à comprendre la nature de l’univers. Chaque fois qu’il posait ses yeux sur le firmament sombre, il avait l’impression de se heurter à un néant accompagné de petites lumières plus ou moins vives qui lui rappelaient que sa femme n’était pas en mesure de regarder le même ciel qu’elle. Elle pensait probablement à lui en allant se coucher, puis elle penserait à la situation de son mari lorsque le soleil se lèvera, se souciant de sa survie. Elle avait toujours été comme ça, Naomi, toujours à veiller sur lui, à guetter les cieux pour obtenir un signe qui ne vint jamais ; et lui, il guettait les étoiles en se demandant si elle pensait à lui, si au delà des kilomètres qui les séparaient, il y avait toujours une étincelle presque à prendre lorsqu’il reviendrait sain et sauf de sa mission.

Ce soir, le ciel lui semblait particulièrement noir et froid. Il se sentait terriblement seul au milieu de la pénombre mais fort heureusement, il était en bonne compagnie. Il sourit à ses mots et glisse une main au creux de son dos, effleurant seulement son vêtement pour ne pas précipiter ce qu’ils avaient tant envie de faire. Il souhaitait laisser l’instant durer, l’attraction si intense devenir insoutenable. Son coeur chavire lorsqu’elle pose sa main sur son torse, et il meurt d’envie de déposer ses lèvres sur les siennes, l’impatient qu’il est. Ses mots le happent, le rendent complètement fous. « Et vous, vous n’êtes pas très différentes des autres Judicieux. » dit-il avec un sourire en coin. « Je plaisante. » finit-il par ajouter pour ne pas trop la contrarier. Sa main aimerait se déposer contre sa peau, son autre main glissant sur sa joue, mais avant qu’il n’ait encore fait quoi que ce soit, il la regarde s’éloigner tandis qu’elle lui parle de la fameuse Tour d’Astronomie. Ses yeux perçants détaillent la demoiselle avant qu’il ne lui réponde. « Non, Ma Dame, jamais. Serait-ce une invitation dans votre jardin secret ? » demanda-t-il. Curieusement, il avait envie de savoir dans quel environnement évoluait Fering. Il avait envie de connaître de nombreuses choses sur elle. Son mystère l’attirait, il ne s’était jamais sentit ainsi depuis longtemps.
Ce n’était pas lui qui menait la danse aujourd’hui. Et aussi fou que cela puisse paraître, il appréciait qu’elle le guide.

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Malgré ces étoiles qui semblaient lui crier de leur porter un peu plus d’attention, de regarder le ciel minutieusement, Fering se redresse finalement, ses pas venant la rapprocher aussitôt du beau Roi des Robustes. Sa main se pose lentement sur le torse de Jakarta, tandis qu’elle sent sa main au creux de ses reins. Les gestes, les postures sont naturelles pour la blonde. Elle ne se sent ni gênée, ni mal à l’aise, bien au contraire. Étrangement bien, presque en sécurité dans ses bras. Sensation quelque peu dérangeante, au final, n’étant pas habituée à se sentir aussi bien en compagnie d’un homme. Un sourire amusé se dessine sur ses lèvres, elle lui octroi un clin d’œil quand il rattrape sa plaisanterie. Il est charmeur et tendre à la fois dans ses paroles. Et bon sang, c’est agréable. Sans trop savoir pourquoi, sans trop essayer d’y réfléchir, Fering se laisse engloutir par la situation.

C’est nouveau, enivrant. Fering lui parle alors de son jardin secret, la Tour d’Astronomie. Elle l’intrigue visiblement, puisqu’il rebondit sur l’invitation. En silence alors, les yeux pétillants de malice, la jeune femme lui attrape la main, entrelaçant ses doigts à ceux du Roi avant de doucement l’attirer à sa suite dans la pénombre. Le pas léger, elle se faufile dans les ruelles sans le lâcher, l’attirant en douceur jusqu’à la splendide Tour surplombant la Pangée. Ce n’est qu’une fois devant le bâtiment que Fering lâche la main de Jakarta pour sortir ses clés de sa poche, ne partant jamais de chez elle sans l’accès à la Tour d’Astronomie. On ne sait jamais, et elle en est bien heureuse ce soir. La lourde porte se déverrouille, Fering la poussant lentement avant de regarder autour d’eux. Le calme plat règne aux alentours. Alors, la judicieuse presse le pas, s’engouffrant dans le bâtiment, tenant la porte ouverte pour ce Roi qu’elle convoite, sans trop en savoir la raison. “ Suivez moi, Votre Majesté. ”

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Découvrir les mystères qui entourent la Tour d’Astronomie éveille sa curiosité, l’envie de savoir à quoi elle passe ses journées, ce qui anime cet esprit intelligent. Il sait bien que les étoiles sont le principal sujet de la demoiselle, mais bizarrement, il a envie d’en savoir plus. Ça l’intrigue, ça l’intéresse. D’habitude, les préférences d’une demoiselle lui sont totalement indifférentes mais il semblerait que Fering ne soit pas une demoiselle comme les autres. Il l’avait senti dès le début, et il sentait qu’il agissait étrangement, différemment depuis qu’il avait croisé son regard. La suivre en pleine nuit, louper une cérémonie où il était presque l’heureux élu, il avait l’impression d’être un enfant en train de faire des bêtises. Le danger animait ses envies. Il voulait la suivre partout où elle l’emmenerait, à ses risques et périls.

Main dans la main, ils se glissaient dans la pénombre, s’approchant curieusement de la tour. Leurs doigts se détachèrent lorsqu’elle pris les clés pour ouvrir la lourde et immense porte de la Tour, tandis que le Roi des Robustes admirait autant la splendeur de la tour que de celle de la femme qui se tenait près de lui. Il patienta gentiment et entra quand elle lui ouvrit la porte, admirant l’intérieur. « C’est donc ici que vous passez vos journées, à faire des recherches ? Sur quoi travaillez-vous en ce moment ? » demanda-t-il. Aussi fou que cela puisse paraître et même s’il avait envie de la mettre dans son lit — c’était souvent pour cela qu’il s’approchait d’une demoiselle d’ailleurs — il ressentait principalement l’envie de discuter avec elle, d’en apprendre davantage, encore et encore, sans que cela ne s’arrête. Il voulait tout savoir d’elle, sans retenue. C’était fou à quel point il ne se reconnaissait pas. Depuis quand posait-il autant de questions aux femmes ? La dernière fois, c’était il y a si longtemps. La seule, l’unique à laquelle il avait posé tant de questions. Naomi.

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C’est certainement la première fois qu’elle fait entrer un Robuste dans la Tour d’Astronomie. Mais pas n’importe lequel, non. C’est là leur roi, Jakarta, l’indomptable. La lourde porte s’ouvre sur le bâtiment privé, et Fering l’attire bien rapidement à l’intérieur, à l’abri des regards indiscrets. La seigneur des Judicieux et le Roi des Robustes, ils attireraient facilement l’attention si on les voyait ensembles. La disparition de Jakarta de la cérémonie s’est peut-être fait remarquer, allez savoir. Il ne manquerait plus que l’on parte à leur recherche. Mais en cet instant, Fering se sent libre, revivre, elle se sentait en marge de ce système qu’elle n'appréciait qu’à moitié. La voix du Robuste résonne doucement dans le hall, et un sourire amusé orne les lèvres de la blonde. “ C’est en effet ici que je passe mes journées, parfois mes nuits. Ma vie ne doit pas vous sembler fort passionnante. ” Elle rit légèrement, cristallin.

Ses pas l’emmènent doucement vers le laboratoire, elle reprendrait presque sa main dans la sienne. Elle hésite un instant, puis glisse de nouveau sa paume contre celle du Roi, lui accordant un regard de biche avant de l’entraîner à sa suite dans la pénombre de la Tour. “ En ce moment, je n’ai pas de projet particulier.. Je supervise mes employés, principalement.. ” Il y a bien entendu son projet secret, avec Korou, mais elle ne peut pas lui en parler. Et si il mettait Caraquet au courant ? Le danger est bien trop important. Pour autant, elle sent qu’elle pourrait lui faire confiance. Elle en a envie. La porte du Laboratoire poussée, ils se retrouvent au centre de la Tour, l’immense télescope trônant en son milieu. “ Et je vous présente mon meilleur allié, celui qui me permet d’observer le ciel et ses phénomènes à chaque instant. ” Un sourire en coin au bord des lèvres, elle glisse doucement ses doigts contre la paume de Jakarta pour caresser sa peau qu’elle aurait imaginé plus dure, plus rugueuse. Mais il n’en est rien, elle trouve sa main douce, parfaite.

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Il se moquait bien des gens, Jak. Ça avait toujours été le cas et il était persuadé que ça ne changerait pas. Certes, bon petit soldat à la botte des Monarques, ses envies adolescentes de fougue et de passion le faisait parfois virer sur le sentier du danger, quittant précipitamment le chemin déjà tout tracé de son destin où tout était bien trop paisible, facile, avec de légers obstacles qui lui rendaient la vie ennuyante. Il y avait dans le sentier du danger une adrénaline nouvelle, le ventre noué avec un sentiment de peur auquel il ne prêtait aucune attention : parce qu'un fois encore, il s'en fichait. Son rire cristallin s'élève en écho dans la Tour d'Astronomie, charmant à nouveau le Roi des Robustes. « Je suis sûr que les livres que vous lisez portent sur des sujets passionnants et que vos projets révolutionnent l'univers. » en lui jetant un clin d’œil entendu.

Révolutionner le monde au milieu d'une cage tel que la Pangée était une idée saugrenue. Personne ne pouvait se leurrer, cet endroit était leur prison, une utopie, un havre de paix dont les barreaux étaient en fleurs et les conditions améliorées, voilà tout. Le bunker des Robustes marquait bien le côté prison, mine de rien.
Il se laissa guider par la demoiselle comme s'il était sous l'emprise d'un philtre d'amour, la laissant glisser sa main dans la sienne, exerçant une légère pression pour être sûre de sentir sa douceur près de lui, se délectant de son regard de biche bleuté. « Oh, je vois. » en acquiesçant. « Vous effectuez ainsi le rôle d'une Reine, sur un peuple restreint. Vous en avez l'étoffe, en tout cas. » Les compliments pleuvaient et pour la première fois, ils n'étaient pas faits que pour flatter, il y avait aussi un brin de sincérité dans ses paroles.
Admirant l'immense télescope, il commence à comprendre la différence fondamentale entre les judicieux et les robustes. Ils portent au centre de leur attention la science et ses questions. Ils ont un but tandis que les Robustes naviguent dans des mers avec un destin et une volonté imprécise. Peut-être était-ce parce qu'il était à la recherche d'un but qu'il se laissait glisser auprès des Monarques ou qu'il succombait aux bras de femmes d'autres clans. « Les étoiles. Grande passion de notre seigneure. Aurait-elle le plaisir de m'offrir quelques unes de ses connaissances ? » lui demanda-t-il en sentant sa main glisser doucement contre la sienne, s'approchant d'elle pour ne plus quitter son regard. De son autre main, il laisse ses doigts filer le long de son épaule puis le long de son bras, appréciant sa délicatesse.

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Un doux sourire au bord des lèvres, Fering le dévore du regard, boit ses paroles tendre comme un délicieux nectar. Il est bien différent de ce qu’elle imaginait, de cette façade qu’il semble présenter à la Pangée. Fering découvre la un jeune homme tendre, charmeur, avenant, délicat. Comme si sa carapace se brisait légèrement en même temps que celle de la jeune femme. Deux âmes en perdition, qui peuvent se compléter, s’assembler. Mais elle n’en a pas le droit, Fering. Elle ne peut pas s’attacher, elle ne peut pas s’émouvoir, aimer un être. Son esprit appartient aux Judicieux, à la science. Caraquet ne permettra jamais un écart, elle le sait très bien. “ J’espère qu’un jour, un de mes projets nous apportera la réponse à ce fléau mondial.. Je ne suis pas la seule à travailler dessus, la plupart des judicieux tentent d’améliorer le confort que l’on trouve ici. ” Elle se mordille doucement la lèvre inférieure, l’entraînant alors jusqu’à son télescope, pour lui montrer l’étendue de son loisir, de cette passion qui l’anime chaque jour.

L’étoffe d’une Reine ? Cela n’a jamais traversé l’esprit de Fering. “ Je pense que je ne serais pas à l’aise, à devoir diriger tout un clan comme le fait Caraquet, ou même vous.. C’est une responsabilité immense, pas vrai ? ” Reculant doucement vers le télescope, sans quitter Jakarta des yeux, Fering laisse sa main glisser sur la taille du blond, caressant lentement la peau qu’elle sent à travers le fin tissu. “ Vous souhaitez entrer dans mon monde, mon Roi ? Ne préférez vous pas.. Que l’on s’affaire à autre chose ? ” Penchant doucement la tête sur le côté, Fering se redresse, le laissant s’approcher d’elle, franchissant le dernier pas pour presser son corps contre celui de Jakarta. Les yeux dans les yeux, se plongeant dans la profondeur de ceux du Roi des Robustes, Fering caresse toujours sa taille d’une main, l’autre se posant sur son épaule musclée. Et dans un dernier geste, doux, tendre, elle vient poser ses lèvres sur les siennes, se hissant légèrement sur la pointe des pieds.

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Jakarta avait toujours porté une façade sur son visage, un masque pour celui qui régnait sur les Robustes depuis qu'il avait pris le rôle en main. Il ne s'était pas sentit lui-même depuis bien longtemps, oubliant peut-être même qui il était à force de jouer sur les apparences. Mais à jouer avec Fering, il commençait petit à petit à redevenir l'homme qu'il avait toujours été, taquin avec un humour parfois peu amusant, mais de quoi faire son charme. Il écoute attentivement la demoiselle, découvrant chez elle beaucoup de douceur et de timidité, mais aussi une carapace qui tombe subtilement depuis qu'ils sont en intimité. Elle est moins tentée de le repousser, et il découvrait doucement sa sincérité mais aussi son amour des étoiles, et il était déjà fasciné, rien qu'à l'écouter.

« Si vous aviez davantage confiance en vos capacités de commandement, vous vous rendriez compte que vous avez tout à fait l'étoffe d'une Reine, ma chère. Mais soit. Plutôt que de devenir la Reine d'un peuple, pourquoi ne pas devenir celle d'une seule personne, le temps d'une nuit ? » lui proposa-t-il, les yeux séducteurs, à la recherche du jeu, de la tentation.  Il avait envie de la provoquer, de découvrir davantage d'elle. À la dernière phrase de Fering, il reste d'abord silencieux, profitant de cet instant de tendresse, de sa main au creux de sa taille qui glisse sur sa joue et de celle sur son épaule. Il la regarde se rapprocher sans bouger d'abord, la laissant venir à lui. Ses yeux passent successivement de son regard bleuté à ses lèvres minces, envoûté par la demoiselle. Lorsqu'elle déposa alors enfin ses lèvres sur les siennes, un torrent de sensation l'assassine. Il ferme alors les yeux et lui rend son baiser en posant sa main sur sa joue et la rapprochant de lui, son autre main toujours dans le dos de la demoiselle. Puis ses deux mains viennent enserrer son visage, qu'il retient un instant, arrêtant ce doux baiser pour poser son regard dans ses yeux océans. « Je vous suis, ma Reine. » en souriant, faisant allusion à ce qu'il avait dit précédemment.

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Bien que Fering n’ait jamais vraiment eu à se plaindre concernant ses fréquentations et la manière dont elle était écoutée, entendue. Mais ce soir, avec Jakarta, Fering n’eut pas l’impression de le déranger en parlant du télescope, des étoiles ou de ses recherches. il l’écoute sans faire semblant, et renchérit même sur ses dialogues. Cette petite soirée amusante semble dévier d’une manière qu’elle n’aurait pas imaginé de prime abord, et c’est encore plus excitant qu’il n’y paraît. “ J’aime à m’imaginer votre Reine, me permettez vous de me glisser dans vos bras ? ” Le jeu est dangereux, il pourrait la conduire à sa perte. Mais le plaisir n’est pas proscrit chez les Judicieux, n’est-ce pas ? Ou est donc le mal à jouer avec Jakarta ce soir, à se glisser dans des draps de soie avec le Robuste, profiter de cet étreinte charnelle ? Nul part, à ses yeux.

Se perdant quelques instants dans le regard du Roi, Fering finit par poser ses lèvres sur les siennes, frémissant aux délicieuses sensations qui l’assaillent. Il y a bien longtemps qu’elle ne s’est pas laissé aller dans les bras d’un homme, mais quand bien même elle ne se souvient pas de ces délicieux fourmillements dans ses extrémités, au creux de ses reins, tout au fond de son ventre. Se mordillant la lèvre inférieure, la jeune femme lui prend délicatement la main avant de l’entraîner sur son bureau, un peu plus loin du télescope. Le bordel qui se trouve dessus ? Elle le repousse d’un geste de la main. Ce n’est pas grand chose, après tout. “ Il faut avant tout que vous sachiez, mon Roi, que je n’accepte que l’étreinte charnelle que vous m’offrez et que cela n’ira pas plus loin. ”

Délicatement alors, Fering repousse Jakarta contre le bureau, quittant ses pupilles pour descendre son regard sur le cou du Robuste, venant y déposer ses lèvres, mordillant délicatement sa peau alors que ses mains s’affairent à déboutonner la chemise qu’il porte. Son torse musclé lui apparaît enfin, et quelques instants Fering se perd à le contempler, ses fines mains venant caresser la peau qu’elle dévore du regard. Au delà d’être incroyablement beau, Jakarta est aussi très bien fait, et la jolie blonde ne rechigne pas devant le spectacle qui lui est offert. Reposant alors ses lèvres charnues sur la peau du Robuste, Fering descends ses baisers vers son nombril, lentement, laissant ses ongles effleurer les muscles abdominaux de Jakarta, tout en silence. Elle n’est pas une bavarde dans ces moments.